Comment organiser sereinement les ateliers en maternelle ?

Tu vois passer plein d’infos sur les ateliers en maternelle, infos qui se contredisent parfois, tu te poses plein de questions, tu ne sais pas quoi choisir et tu n’y comprends pas grand-chose. Arrête de te mettre la rate au court bouillon, on va t’expliquer tout ça. On va commencer par éclairer tes lanternes sur le sujet, en te présentant plusieurs solutions…

Les différents types d’ateliers

Pourquoi ces ateliers ? C’est plus simple de travailler avec un petit groupe d’enfants et à cet âge, l’hétérogénéité est grande, ils n’ont pas encore appris à être élèves. Tu pourras aussi proposer plus facilement de la manipulation, de l’expérimentation avec du matériel. Cela permet également de travailler l’autonomie, de favoriser les interactions entre pairs. Bref c’est très positif ! On t’encourage d’ailleurs, toi enseignant en élémentaire qui t’es perdu ici, à utiliser ce système d’ateliers pour certaines situations d’apprentissage.

1. Atelier dirigé

C’est celui que tu mènes avec ton petit groupe (groupe hétérogène ou homogène, groupe de besoin, selon les situations…en langage il vaut mieux des groupes homogènes par exemple).

Exemple : tu proposes un jeu mathématique avec un groupe, pour travailler une notion (construction du nombre …)

Tu présentes ton atelier en grand groupe rapidement, tu peux passer la consigne directement au petit groupe. Et tu assures grave. Si tu n’es pas totalement satisfait(e) note immédiatement (si possible) ce qui n’a pas fonctionné, tu y réfléchiras plus tard, pour rectifier le tir pour le groupe suivant

2. Atelier semi-dirigé

L’atsem supervise un atelier que les enfants ne peuvent pas faire seuls. La présence d’un adulte est nécessaire car c’est trop salissant / il faut gérer du matériel / il faut un adulte pour observer, donner des règles / il faut un adulte pour mener le jeu, il faut une interaction avec un adulte…

Exemple : atelier de peinture pour décorer le cahier de vie de classe.

L’atelier est présenté en regroupement et la consigne est donnée soit par l’Atsem soit par l’enseignant(e). Dans tous les cas l’atsem doit être informé(e) du matériel, du déroulé, connaître les attentes de l’enseignant(e), et la consigne est parfaitement connue de l’atsem.

Petit conseil d’amies : une bonne entente et une bonne communication avec l’atsem pour une année agréable et détendue !

3. Les ateliers autonomes

Ce sont des ateliers que les enfants font seuls. Il faut donc t’assurer qu’ils en sont bien capables. Les ateliers autonomes sont des ateliers réfléchis, avec un objectif d’apprentissage précis. Les élèves s’entrainent sur une activité qu’ils connaissent déjà, la consigne est bien comprise, et tu as un moyen de vérifier / valider ce qu’ils ont produit. Sous peine de faire de l’occupationnel.

Exemple : un groupe d’élèves s’entraine à faire des petits pois et des carottes en pâte à modeler pour le repas des poupées (pour travailler la réalisation de boules et de boudins, qu’ils ont déjà fait avec toi lors d’un atelier dirigé). Chaque élève aura sa marmite (une barquette en plastique) avec son nom dessus. Tu pourras ainsi contrôler leur travail à la fin de l’atelier (ils ne doivent pas ranger). (Petite parenthèse : si tu mets un groupe avec de la pâte à modeler sans aucun objectif et que tu ne regardes pas ce que les élèves ont fait, on peut te reprocher que c’est de l’occupationnel. Tu saisis la différence ?)

Si les élèves te dérangent constamment, que le résultat est très éloigné de ce que tu attendais, c’est que quelque chose cloche (activité pas adaptée ? matériel manquant ? consigne mal passée ?)…Au lieu de pleurer toutes les larmes de ton corps et de tomber dans un profond désespoir, prends 5 minutes pour un moment réflexif intense : qu’est-ce que j’ai bien pu faire pour que ça foire ???? Ça s’appelle de l’analyse. Tu essayes de comprendre pourquoi, ça te permet de trouver une solution au problème que tu testeras la prochaine fois. C’est comme ça que bébé enseignant devient grand. Grand et bon.

4. Les ateliers autonomes individuels

Tu peux proposer aussi des ateliers individuels, sur certains créneaux, que tu présentes lors des regroupements ou en petit groupe. Ces ateliers ont plusieurs niveaux de difficulté (sous forme de brevets pour les élémentaires, d’étoiles pour les maternelles…). Tu dois là aussi avoir travaillé les notions avant et être capable de dire où en sont tes élèves. L’autonomie c’est bien, mais tu dois être raccord avec les programmes et pouvoir mesurer les progrès de tes élèves. Sinon ton/ta PEMFou IEN va se fâcher très fort !

5. Les ateliers libres

Tu donnes du matériel aux élèves pour qu’ils expérimentent, qu’ils fassent une activité en autonomie, sans contrainte. Cela leur permet de ne pas avoir de consigne précise. Tu observes le résultat, tu les félicites, tu montres au reste de la classe…Mais tu ne fais pas ce genre d’atelier tout le temps, on te rappelle que tu es là pour enseigner…

Exemple : Tu peux leur donner un nouveau matériel : les élèves découvrent ce matériel pour la première fois, ça leur permet de jouer avec et d’être moins distraits par la nouveauté lors d’un futur atelier dirigé utilisant ce matériel.

Ou autre exemple, proposer un atelier bricolage. Tu mets à disposition tout un tas de matériel (papier, carton, ficelle, colle, bout de bois, petits objets etc…) afin qu’ils bricolent librement, comme ils veulent. Ils adorent.

Les différentes organisations d’ateliers en petit groupe

1. Ateliers tournants

Tu répartis tes élèves en plusieurs groupes définis (max 6/7 élèves par groupe). Tu peux identifier chaque groupe par un système de couleurs par exemple (groupes bleu, jaune, rouge et vert). Tu fais tourner les groupes sur la semaine/ 2 jours / la journée, de façon à ce que chaque enfant soit passé dans chaque atelier.

Tu gardes avec toi un atelier (l’atelier dirigé), tu confies à ton atsem un groupe en atelier semi-dirigé et les autres groupes sont autonomes. Bien sûr tous les ateliers sont pensés (ou choisis) par toi-même. Tu donnes des consignes claires et précises à l’atsem et il/elle s’occupe d’un groupe.

Avantages : Tu t’y retrouves plus facilement, l’atsem aussi. L’organisation est carrée. C’est facile à repérer et comprendre pour les élèves. Tu peux préparer le matériel pour chaque groupe à l’avance, déjà installé sur les tables, elles-mêmes repérables par le code couleur du groupe (un pot à crayon pour chaque groupe / un cône en carton / une nappe personnalisée…, de la couleur du groupe).

Tu débutes, c’est plus rassurant de commencer avec ce type d’organisation. Tu pourras toujours changer ton système en cours d’année ou plus tard.

Inconvénients : c’est rigide. Ce sont toujours les mêmes élèves qui se retrouvent ensemble. Mais tu peux toujours changer la composition des groupes à chaque période, ou organiser des ateliers différenciés (groupe de besoin, de niveau…). Dans ce type d’organisation, quand un élève est absent, ce n’est pas toujours facile de lui faire rattraper l’activité.

2. Ateliers à inscription libre

Les élèves peuvent choisir librement leur atelier, le recommencer plusieurs fois s’ils le souhaitent (tant qu’il est à disposition). Les plus grands peuvent s’inscrire (avec leur étiquette prénom par exemple, ou en cochant leur prénom sur une liste) ce qui permet de savoir qui a fait quoi, et d’inciter à s’inscrire ou d’imposer un atelier pas encore choisi.

Va voir sur ce site pour plus d’infos : https://maternailes.net/pratiques/inscription/inscription.html

Avantages : Si un élève est absent, il ne manquera pas l’activité car on propose les ateliers tant que tout le monde n’est pas passé. L’élève est davantage motivé puisqu’il a choisi. Il apprend à être plus autonome. Cela laisse le temps aux plus jeunes de se familiariser avec l’activité ou tout simplement de s’habituer à venir participer à un atelier.

Inconvénients : c’est plus complexe à organiser. C’est également plus difficile pour le suivi des élèves.

NB : Tu peux aussi faire un mix : des ateliers tournants le matin et une autre organisation l’après-midi.

Mise en oeuvre

Les ateliers sont présentés lors des regroupements. Il est nécessaire de donner une consigne très explicite pour les ateliers autonomes sous peine d’être dérangé(e) tout le temps, et toi justement tu ne veux pas être dérangé(e). Tu peux donner la consigne uniquement pour les ateliers autonomes pendant le regroupement car les ateliers dirigés et semi-dirigés bénéficient de la présence d’un adulte (toi par exemple) qui pourra donner cette consigne en début d’atelier. Tu pourras passer au bout de quelques minutes dans chaque atelier pour t’assurer que la consigne a été bien comprise.

Tu as bien sûr pensé à des outils d’aide, à proposer une différenciation pour certains élèves.

A la fin de l’atelier, les élèves savent exactement où ranger leur travail, où placer leur nom et la date (parce que tu es trop fort(e), tu as pensé à tout). Ils ont même pu s’évaluer tout seuls ou ont suivi la consigne de ranger leur feuille dans leur casier ou de ne pas « détruire » leur travail pour que tu le voies. Garde une trace de tout ce qui a été réalisé (pour le travail sur support individuel c’est facile à stocker ou ranger mais prends une photo quand c’est un travail éphémère avec du matériel collectif, et n’hésite pas à photocopier un travail en pâte à modeler (tu fais travailler sur une ardoise ou une plaque, tu appuies bien sur la pâte à modeler, tu peux même recouvrir d’un plastique transparent, tu photocopies (si tu as bien appuyé et que tu es rapide quand tu retournes c’est possible, bien sûr pour des réalisations à plat). Tu peux aussi écrire un commentaire en dictée à l’adulte.

Ensuite, lors d’un bilan en regroupement, tu valorises certaines productions, tu reprends le déroulé d’un atelier, tu reprécises une consigne mal comprise…

Astuces pratico-pratiques

-cône de couleur sur les tables pour l’identification des groupes

-barquettes de cantine (les grandes pour y mettre le matériel nécessaire à l’atelier, les petites pour du matériel individuel ou ranger la production

-tableau d’inscription à scratch et/ou boîtes sur les tables pour les étiquettes prénoms (ateliers à inscription libre)….

-tableau / grille de suivi (pour cocher ceux qui ont fait l’atelier et rajouter des observations)

-outils /aides à disposition

-places identifiées (casiers) pour ranger les productions finies / en cours / à revoir

-penser à dire aux élèves ce qu’ils peuvent faire quand ils ont fini

-réduire le bruit : toile cirée épaisse sur les tables, éloignement de l’atelier qui demande du calme, jeux de construction sur tapis, et bien sûr instaurer des règles de classe. Tous les espaces peuvent être utilisés y compris les coins jeux.

-signal sonore pour ranger

Dans l’emploi du temps

Souvent programmés sur une semaine. Tu peux choisir de proposer tous les ateliers d’un créneau horaire dans le même domaine ou dans des domaines différents.Pour les très jeunes (TPS et PS) pas d’urgence, on n’impose pas ! On les laisse venir s’ils le veulent (on compte sur l’émulation et on suscite leur intérêt), on prend le temps de les laisser s’habituer à ce fonctionnement, on montre, on explique, on va à leur rythme. Quand ils en seront capables, alors on pourra davantage imposer (pour les PS). Et on tient compte du temps de concentration possible pour chaque âge : 10 min pour les petits, 20 min pour les moyens, 30 pour les grands (rien de rigide, c’est juste une indication).

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